CÉSARÉE SUR MER
Décor extraordinaire du théatre du Césarée sur mer. Je vous présente l’histoire de ce lieu avant que nous y allions, vers la voie byzantine et puis vers la jetée du port romain.
Au départ, nous avons un tout petit port au 3ème siècle avant JC pour des commerçants de Tyr et de Sidon, ce qui nous rappelle le commerce que nous avons vu ce matin entre Israël et Tyr et Sidon.
Il y a un tout petit port mais c’est très peu de choses et c’est Hérode le Grand, celui qui va faire massacrer les enfants de Bethléem, celui que nous retrouverons à Jéricho. Nous devons tous ces renseignements à l’historien juif Flavius Josèphe.
C’est Hérode le Grand qui va en faire un très grand port et une ville de plaisance en 15 avant JC. Il fait construire 2 grands fossés pour protéger l’accès du port. Il fait construire cet aqueduq qui va recueillir à plus de 15 km les sources occidentales du Carmel pour qu’il y ai beaucoup d’eau potable dans cette ville pour les soldats, pour les officiers. Je vous rappelle que c’est une ville de plaisance.
C’est lui qui fait construire aussi un hippodrome pour que les romains se sentent un petit peu comme à Rome, alors qu’ici ils se sentent un petit peu moins éloignés de chez eux, ils ont besoin d’un hippodrome et de ce théatre de 5000 places pour se sentir un peu comme à Rome, alors qu’ici ils se sentent au bout du monde, au moins à Césarée Maritime, ils auront quelque chose qui leur rappellera leur enfance à Rome, ainsi qu’un temple dédié à l’empereur divinisé.
Ce qui est intéressant dans ce théatre, c’est qu’en 1961, on a redécouvert l’inscription de la dédicace de ce théatre, La 1ère fois qu’il a été ouvert au public. Vous ne parlez pas latin, mais vous allez repérez tous les mots :
Vous avez tous compris. Au temps de l’empereur Tibère, Ponce Pilate, Préfet de Judée, à inaugurée le théatre. C’est donc dans ce théatre que vous avez posé vos augustes derrières, a été inauguré pour la 1ère fois par un certain Ponce Pilate, les chrétiens connaissent.
Il avait donc ici sa résidence de procurateur romain. La ville est en effet la résidence des procurateurs romains. En effet la vie à Jérusalem leur ai insipide parce que là-bas, vous avez tout le temps les juifs qui sont tournés autour du temple, alors il ne faut pas marcher là, il ne faut pas aller là, il faut éviter ceci, cela.
Les païens et les romains qui n’y connaissent rien à ces subtilités juives préfèrent une ville où ils sont chez eux, où ils peuvent aussi retrouver un petit coin de leurs cultures, un petit coin de leur vie habituelle. Voilà pourquoi cette ville romaine.
Nous passons maintenant au 3ème et 4ème siècle après JC, donc à l’époque byzantine. De cette époque, date la rue au bord de laquelle nous allons aller maintenant pour faire mémoire de Pierre que l’on est allé chercher à Jaffa, chez un certain Simon le corroyeur où nous l’avons laissé avant hier.
Au 3ème, 4ème siècle, Césarée est devenue une ville florissante et possède une importante école de théologie, on dirait aujourd’hui une faculté de théologie. La plus importante est celle d’Alexandrie en Egypte.
C’est très intéressant de voir qu’au 3ème, 4ème siècle vous avez de très grands évêques qui vont avoir ce soucis de favoriser non seulement l’enseignement mais aussi des lieux de formations. On n’a rien inventé aujourd’hui, la formation des catéchistes, la formation dans cette école de théologie ici à Césarée comme celle d’Alexandrie, comme il y en aura une autre très célèbre à Antioche.
Cette école ici à Césarée est montée en 220 par un certain Origène. Origène, c’est un laïc qui prêchait remarquablement, y compris devant les évêques. Quand les évêques voulait faire une retraite, il demandait à Origène de leur prêcher la retraite. Il y a quand même quelques évêques qui ont été un peu jaloux, alors ils ont fait des histoires, ils ont mis Origène à la porte, il faut dire qu’Origène était de mauvais caractère.
Alors il a quitté Alexandrie, puisque les évêques n’étaient unanimes pour le flatter, il est venu ici à Césarée, faire son école de théologie. Il va enseigner et commenter les écritures et il va faire un travail qui nous paraît aujourd’hui colossal, il va écrire la bible sur 6 colonnes parallèles, selon différentes versions en hébreu.
Il n’ y a pas une traduction officielle en hébreu ou en grec, il y en a plusieurs, alors il pense que
chaque traduction, je dirais qu’il est très moderne, chaque traduction à son bon côté, à son avantage, aucune traduction n’est parfaite, ne demandez quelle traduction de la bible est parfaite, cela n’existe pas, chaque traduction à ces options, à son intérêt, alors lui, il a bien compris cela ; il met la bible sur de grandes colonnes et peut comparer toutes ses traductions et faire un commentaire très serré, très précis, pas des choses en l’air, pas des trucs que l’on a envie de raconter, mais vraiment une grande fidélité, une grande exactitude.
Peu à peu, on aménage ici une bibliothèque, c’est la bibliothèque la plus importante de l’époque. Il collectionne les écrits des pères et les commentaires des livres de la bible, et c’est ici qu’apparaît le 1er grand historien de l’église qui s’appelle : EUSEBE DE CESAREE (270-340)
Et comme un bon historien, je dirais d’esprit moderne, il va d’abord collationner tous les documents qui lui parviennent, il ne les détruit pas, il ne fait sa synthèse à lui, il commence par les mettre bout à bout et les respecter tels qu’ils sont et c’est grâce à Origène que nous avons accès à tant de quantités de documents, qui autrement seraient irrémédiablement perdu.
La fameuse lettre de 177 des chrétiens de Lyon à ceux d’Asie, autrement dit, le martyr de Potain et de Blandine. Nous as été communiqué par Eusèbe de Césarée, qui avait ramassé ces documents et qui les avait mis bout à bout sans prendre partie, sans tailler, sans faire des morceaux choisis, dans une très grande honnêteté intellectuelle. C’est beau de repérer cela et montre aussi que la foi au 4ème siècle passe par des gens intelligents, des gens qui savent respecter et qui sont fiable, ne serait-ce sur un plan historien.
Une petite parenthèse : quand j’avais été en Hongrie, à l’époque du communisme encore, tout ce que je suis en train de vous dire était impossible, on ne pouvait montrer, c’était interdit de faire entrer des livres qui avaient une valeur historique. On pouvait entrer avec des petites images de piété, dans les églises. Il était interdit d’introduire des livres en Hongrie parce que c’était une manière de montrer
que la foi est intelligente, que la foi repose sur des gens sérieux, qui ont transmis des choses sérieuses, voilà pourquoi, dans un pays communiste, les livres étaient interdits.
Utiliser de la piété, c’est bon, c’est une bonne manière de dire finalement que cela se retourne contre
la religion, que la religion, c’est du sentiment populaire, ce n’a pas de grandes valeurs, il faut nourrir
le peuple de sentiments de piété, comme cela il est content, mais les ouvrages de valeurs historiques,
de valeurs scientifiques, c’était interdit.
C’est là-bas que j’ai compris que c’est dans ces pays communistes, l’intérêt des auteurs des premiers siècles de l’église, or pour beaucoup de chrétiens, entre l’évangile et eux, il n’y a rien ou il n’y a que peut-être que Jean-Paul II, c’est bien, mais JP II, c’est seulement maintenant, comme si il y avait 20 siècles de vide. On n’a pas le droit d’ignorer ces 20 siècles pendant lesquelles des gens intelligents ont recueilli la foi, qui ont réfléchi, qui ont transmis. On les appelle dans les 1ers siècles : LES PERES DE L’EGLISE
N’imaginez pas des choses compliquées, tarabiscotées, subtils pour universitaires. C’était des catéchèses, donc c’était bien fait pour le peuple et ceux qui les découvrent, découvrent un vrai trésor. C’est l’évangile tel qu’il est présenté dans les 1ers siècles par des gens, je dirais, hautement honnête et sérieux.
Un autre grand père de l’église, que l’on retrouvera à Bethléem, vient ici en pèlerinage, il s’agit de : SAINT JEROME. Il vient faire des études pendant plusieurs mois. On le retrouvera à Bethléem, c’est là-bas qu’il a voulu
traduire toute la bible, là où la bible s’est fait quelqu’un, là où la bible s’est fait un petit enfant dans une mangeoire.
La ville va connaître un grand rayonnement jusqu’à l’invasion perse qui va tout détruire en 612, et le peu qui restera sera détruit 20 après par les musulmans en 639, autrement dit, toute la ville disparaît, tout est mort et toute la ville va être recouverte de sable peu à peu.
Donc, à partir de 639, c’est le grand silence, les musulmans détruisent les quelques ruines et les quelques habitants du coin qui avaient été épargné par les perses en 612 jusqu’à l’arrivée des croisés en 1101.
En arrivant ici, les croisés massacrent la population locale, massacrent les juifs et les musulmans. Ils vont construire un rempart et tout à l’heure nous le franchirons, pour entourer un tout petit morceau de la Césarée byzantine, pour en faire une petite ville comme on a en France à cette époque. Cela va être la ville des croisés entourée d’un grand rempart que l’on suppose rempli d’eau pour ne pas avoir accès à cette ville, sous un pont-levis, sous une surveillance.
Plus tard, ils vont construire une église, je reviendrais sur cette église parce que nous irons, là où Paul est resté en prison 2 ans.
80 ans plus tard, vous voyez, la présence franc n’a pas duré longtemps, en 1187, les turcs avec
Saladdin, s’emparent de la ville et vont la considérer comme une splendide carrière de pierres. Vous avez ici de très belles pierres de l’époque byzantine, des pierres de marbre. Les premières rangées du théatre étaient couvert de marbre, de tel façon que les premiers spectateurs, le haut du panier, est le derrière au frais.
A partir de 1187, les dunes de sable vont recouvrir toute la splendeur de cette luxueuse capitale romaine puis byzantine.
Les fouilles vont démarrer en 1945, suite à une grosse averse qui avait dégagé un fragment de mosaïque. Puis les fouilles ont repris avec beaucoup d’exactitude sur une grande échelle en 1951, lorsqu’un tracteur israélien a buté, sur une grande statue de porphore rouge de la rue byzantine devant laquelle nous allons aller maintenant. Voilà l’histoire de Césarée.
ST JEAN D' ACRE
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